Par quel hasard un italien, César de Cafardel, a-t-il bien pu se retrouver seigneur d’Yermenonville en 1610 ?
Le point de départ de cette affaire réside dans la volonté des espagnols, maîtres du royaume de Naples, d’y installer la redoutable Inquisition en 1547.

Ferrante Sanseverino, richissime prince de Salerne, grand militaire et grand mécène, s’opposa ouvertement à l’installation de l’Inquisition, mais fut menacé et convoqué par Charles Quint. Ne se sentant plus en sécurité, le prince de Salerne ne se rendit pas à la convocation de l’empereur, flairant un piège, et partit en exil pour la France. Le roi Henri II lui accorda une pension et le poste de gouverneur de Tarascon et Beaucaire. Comme tout grand seigneur, il était accompagné par un groupe de courtisans et de compagnons d’armes, parmi lesquels un certain Tres d’Hercules, qui se trouvait être l’oncle d’un petit César Cafarelli, de famille noble, né dans la ville de Tursi (près de Matera).

Cet oncle trouva à s’employer comme militaire auprès d’Albert de Gondi, lui aussi italien d’origine, duc de Retz et maréchal de France, qui lui proposa de prendre son neveu César, âgé de 6 ans, comme page auprès de lui. Le nom de l’enfant fut alors francisé en Cafardel. Quand il fut en âge de porter les armes, il entra comme militaire dans la compagnie du duc de Retz. Commença alors la longue carrière militaire de notre César de Cafardel, dans la mouvance de la puissante famille de Gondi qui ne lui ménagea pas ses faveurs. Il fut officiellement naturalisé par Henri III en novembre 1587 et participa à de nombreuses campagnes.
En récompense de ses bons services, le roi Henri IV le fit vers 1596 « capitaine entretenu » sur ses galères. Il est clair que César de Cafardel ne mit jamais le pied sur une des galères du roi : le poste de capitaine entretenu correspondait à un emploi fictif dont on touchait les revenus sans exercer aucune charge. Cela permit à César de Cafardel, qui commençait à prendre de l’âge, de quitter le métier des armes. On le trouve ensuite habitant Paris en qualité d’écuyer de l’évêque de Paris, Henri de Gondi, fils d’Albert de Gondi. Il épouse le 28 mai 1607 Françoise de Tanchelion , dont il eut plusieurs enfants.

En 1609, César de Cafardel est officiellement anobli par Henri IV. Une fois noble, pour vivre noblement, il faut une seigneurie. Nul doute que Françoise de Tranchelion, dont la famille possédait la seigneurie d’Armenonville, voisine d’Yermenonville, trouva une solution facilement. Jacques d’Ecrosnes, couvert de dettes et ayant cédé Boigneville à son fils François, voulait vendre la seigneurie d’Yermenonville, ce que les voisins Tranchelion n’ignoraient pas.
C’est ainsi qu’en 1610 César de Cafardel, né à Tursi en Italie sous le nom de Cafarelli, devint après une longue carrière de page, de militaire puis d’écuyer au service des Gondi, seigneur d’Yermenonville et capitaine entretenu des galères du roi. Il n’aura sans doute jamais navigué que sur la Voise…
L’association « les Amis d’Yermenonville » organise des visites du village et de l’église sur demande (amisyermenonville@gmail.com) et propose deux visites guidées du musée Hélène Boucher le 3 juin 2023 !
Merci à l’association « les Amis d’Yermenonville » ainsi qu’à Michelle et Henri Gensbittel pour la rédaction de cet article.
