En attendant de pouvoir à nouveau ouvrir ses portes au public, le conservatoire des meules et pavés d’Epernon a ouvert ses portes aux stagiaires de l’Office de Tourisme des Portes Euréliennes pour leur faire découvrir ce métier d’antan. Ce moment d’apprentissage est un véritable retour à l’époque industrielle.

Dans ce bâtiment qui fut autrefois une bergerie, a été créé par l’association Epernon Patrimoine et ses alentours un conservatoire unique en France. Y sont exposés des documents, des représentations et matériaux attestant du travail ardu et éreintant des carriers paveurs et meuniers. Adjointe à cette ancienne ferme, une rotonde couverte d’ardoises d’une ancienne aire de battage. Ce petit pavillon normand avait servi lors de l’exposition universelle de Paris 1900.
En collaboration avec le Conseil régional de la région Centre-Val de Loire, le Conseil général d’Eure-Et-Loir et la municipalité d’Epernon, ce musée, ouvert au public en juillet 2005, a pour vocation de se souvenir de ces quelques 12000 hommes employés à tailler la pierre pour créer des moulins et des pavés.

Ancienne cité industrielle du XIXème, la ville d’Epernon était reconnue dans le monde pour le travail des carriers paveurs et meuniers. Au cours d’une visite guidée de ce musée ouvert à tous, on en apprend un peu plus sur ce travail laborieux et les conditions dans lesquelles ces hommes, qui au-delà de 30 ans était considéré comme des “vétérans”, travaillaient.
Autrefois, quand les prisonniers étaient relâchés de Paris, ils devaient quitter la capitale par le train. La prochaine gare était celle d’Epernon. Les habitants de la ville n’étaient pas très commodes ni très à l’aise pour recevoir des prisonniers dans leur ville. Pourtant, les chefs des exploitations de pierre, eux, les accueillent bras ouverts. A l’époque, pas besoin de passer d’entretien, les hommes les plus forts et qui réussissent à tailler des pierres étaient nourris et logés dans des auberges. Ceux qui n’arrivaient pas à décrocher une pierre devaient passer leur chemin.
Un travail difficile du lever du soleil jusqu’à son coucher. Chaque homme était payé à la pierre, plus celui-ci extrayait de pierres par jour, plus il gagnait d’argent. Afin que ceux-ci continuent de travailler, les chefs offraient chaque jour 15 bouteilles de vin par homme. Ce “cadeau” était en réalité un stratagème pour développer une dépendance à l’alcool, et lorsqu’un homme devient dépendant, il ne part plus. Mais ce musée nous en montre encore plus. Entre les risques d’accidents mortels sur l’exploitation, les projections de métaux créant des infections, et l’inhalation des poussières, on comprend d’autant plus que la retraite de ces hommes était amplement méritée.

Lorsque les descendants des carriers paveurs et meuniers ont appris l’ouverture d’un musée en l’honneur du travail acharné qu’ils ont fourni, ceux-ci n’ont pas hésité à faire don du matériel de leurs aînés. Le musée a alors pu prendre possession de pioches, de pelles, de meules, de pavés et bien d’autres matériaux et outils de cette époque. Un ancien tailleur de pierre, compagnon du devoir, a lui aussi voulu céder son matériel au conservatoire des meules et pavés lorsqu’il a cessé son activité.
Nous remercions Mr Christian TANGUY, président de l’association Epernon Patrimoine et ses alentours pour cette visite complète, riche en informations et anecdotes.
Crédit photo : Office de Tourisme des Portes Euréliennes IDF
Sources : musees.regioncentre.fr et meulesetpavesepernon.blogspot.com
